Saint-Philibert

Histoire

Le blason

La lecture des armoiries de la commune de Sant Filibert en langage héraldique est la suivante :

  • Ecu français moderne
  • Au cœur, vaisseau d’argent gréé d’une voile carrée parsemée d’hermines naviguant sur champ d’azur.
  • En chef, trois huîtres armoricaines de sinople sur champ d’or.
  • Ornements extérieurs.
  • Au dessus de l’écu, bandeau portant l’identité de la commune : ST FILIBERT
  • Au dessous de l’écu, la devise en langue bretonne : « MEM BRO ATAO » qui se traduit en langue française par« MON PAYS TOUJOURS »

Commentaires :

Au cœur, le vaisseau à clins, surmonté de deux châteaux symbolise les activités maritimes ancestrales de Locmariaquer et de Saint- Philibert qui en dépendait jusqu’en 1892. Locmariaquer était au XVIIIe et XIXème siècles un port très actif, à partir duquel de nombreux chasse-marée assuraient le transport des marchandises sur tout le littoral atlantique et plus spécialement la sardine. Le réseau routier était déficient et peu développé.

Les hermines figurant sur la voile carrée rappellent l’appartenance du territoire de St Philibert à la baronnie de Kaër remontant à 1250. A noter que l’un des seigneurs de cette baronnie résidant au château du Plessis Kaër en Crac’h a été Christophe Paul de Robien (1698-1756), Président du parlement de Bretagne et pionnier de l’archéologie.

En chef les trois coquilles d’huîtres armoricaines, évoquent la principale activité économique de la commune : l’ostréïculture.

Ornements extérieurs : l’orthographe du nom de la commune avec un F initial au lieu de PH est la graphie la plus ancienne connue.

La devise bretonne « MEN BRO ATAO », en français « MON PAYS TOUJOURS » sous-entend : j’aimerai, je défendrai, je respecterai, je servirai mon pays toujours.

Robert LE BAGOUSSE.

Naissance d’une commune

Avant de devenir autonome, la commune de Saint-Philibert constituait une partie du territoire de Locmariaquer. Contrairement à ce qui a été très souvent énoncé par le passé, ce quartier ne s’appelait pas Loc-Philibert, mais « L’ANGLE ». En breton, sous la dénomination de « En Angle », ses habitants s’appelaient « En Angliz » , tel que l’attestent des documents du 17ème siècle.

Loc Philibert était en fait l’un des 21 villages du quartier de L’Angle. Situé à l’Ouest de la chapelle dédiée au culte du Saint Philibert, il se composait de trois longères et de quelques bâtiments annexes et notre bourg actuel s’est développé à partir de ce secteur. Le toponyme de « l’Angle » désigne généralement un territoire délimité par le confluent de deux ruisseaux, deux rivières. Notre commune est en effet bordée à l’Est par la ria du Ster er Bellec et à l’Ouest par la ria de Crac’h. Au moment de la Révolution de 1789, le hameau Loc Philibert devint le village de Saint-Philibert qui donnera plus tard son nom à notre commune actuelle.

Après avoir obtenu son émancipation paroissiale en 1870, le quartier de l’Angle émit le souhait de se séparer de la commune mère. La raison essentielle de cette démarche eut pour origine les difficultés rencontrées par les habitants pour se rendre à la mairie de Locmariaquer éloignée de 4 à 7 km suivant leur lieu de résidence.

A cela venait s’ajouter le problème de la circulation des charrettes sur le chemin vicinal partant du lieu-dit Pen er Ster empruntant la digue du moulin à marée de Kerlioret et qui était très souvent inondé lors des fortes marées. La première demande d’érection de la section de l’Angle en commune autonome se fit sous forme d’un acte notarié passé par l’Etude de Maître GUILLAUME, notaire à Auray, le 1er septembre 1872, et adressé au Préfet du Morbihan. Cette requête vint devant le conseil municipal de Locmariaquer le 20 mars 1874. Celui-ci donnait son accord, sous réserve que la récolte du goémon soit libre sur le territoire des deux communes.

A cette époque, le goémon était une importante source de combustible et de fertilisant, et la section de l’Angle avait un littoral plus riche en la matière. Les cinq conseillers de la commission syndicale représentant la section de l’Angle refusèrent cette clause. Mais après de nombreuses et longues discussions, un accord relatif à cette récolte étant intervenu, le conseil municipal de Locmariaquer donna un avis favorable.

La démarche de l’Angle fut examinée par le Conseil Général du Morbihan lors de sa séance du 25 octobre 1874. Avant d’autoriser la création de la nouvelle commune, le Conseil exigea un supplément d’informations et décida de renvoyer l’affaire à une autre session.

Le 7 février 1875, le Conseil Municipal de Locmariaquer exprime à nouveau un avis favorable et le Conseil Général examina à nouveau le projet lors de sa séance du 6 avril 1875 et, à son tour, émit un avis favorable. Tout allait bien dans le meilleur des mondes lorsque, lors de sa réunion du 8 août 1875, le Conseil Municipal de Locmariaquer se prononça contre le projet d’autonomie qui resta au point mort jusqu’au 1er février 1884. Las de ces tergiversations, les habitants de l’Angle prennent l’initiative d’une pétition adressée au Préfet du Morbihan et au Conseil Général.

Les motifs invoqués étaient les suivants :

«La section de l’Angle renferme un centre de population important, plus de six cents habitants
La distance la reliant au Bourg, chef-lieu de la commune de Locmariaquer est d’environ 7 kilomètres et crée des difficultés et des pertes de temps considérables pour les habitants de L’Angle désireux de se rendre à Locmariaquer. La section de l’Angle est érigée en paroisse depuis plusieurs années et, par suite, la séparation qui existe pour les rapports religieux peut être facilement établie pour les intérêts civils et administratifs.
Les habitants de la section sont industrieux, se livrent à l’agriculture et au commerce et possèdent des ressources suffisantes pour faire face aux dépenses que nécessitera la construction d’une mairie ou de tous autres édifices communaux. Au reste, il existe dans cette section des communs importants qui pourraient être aliénés et qui produiraient des sommes plus que suffisantes que l’on pourrait employer à toutes les constructions indispensables dans une commune.
Les intérêts de la section sont négligés faute d’une représentation suffisante de conseillers pour soutenir ses intérêts.
La section de l’Angle est séparée de la commune de Locmariaquer par la mer. Il y a antipathie et contradictions d’intérêts entre les habitants des deux localités. L’érection de l’Angle en commune ferait cesser toutes ces divisions et le gouvernement de la République, en créant cette nouvelle commune, ne ferait qu’exaucer les vœux unanimes des habitants de la section qui lui garderaient la plus vive reconnaissance. »

Cette pétition fut présentée au Conseil municipal de Locmariaquer qui exprima un avis défavorable au cours de sa réunion du 16 novembre 1884. Néanmoins, cette pétition permit d’obtenir satisfaction au niveau de la représentation de la section de l’Angle au sein du Conseil municipal de Locmariaquer. Ce fut chose faite et ce dernier, lors de sa séance du 14 décembre 1884, procéda à l’élection de cinq membres de la commission syndicale de l’Angle. Ainsi élus, Julien RIO, Julien MARION, Pierre LE LABOUSSE, Jean LE PORT et Bénoni LE MESTRE étaient en mesure de mieux défendre les intérêts de leur quartier.

Pendant ce temps, le Conseil Général étudiait la pétition et, le 22 août 1885, il renouvela son avis favorable à l’érection de l’Angle en commune. Mais il fallut attendre encore huit longues années pour que le projet de loi autorisant l’érection soit adopté par la Chambre des Députés le 31 mai 1892, puis par le Sénat le 16 juin 1892. Cette loi fut promulguée par le Président de la République Sadi CARNOT et publiée au Journal Officiel le 23 juin 1892

Article 1er :

« La commune de Locmariaquer, canton d’Auray, arrondissement de Lorient, département du Morbihan, est divisé en deux communes distinctes dont les chefs-lieux sont fixés aux villages de Locmariaquer et de Saint-Philibert qui en porteront respectivement les noms ».

Consécutivement à la publication de la loi, Saint-Philibert entama une procédure qui devait aboutir à son autonomie communale. Conformément à cette loi, Jean François GOUZER, Ferdinand LE BARON, Victor VIAR, Pierre Jean RIO et Pierre LE LABOUSSE, nouvellement réélus au mois de mai 1892, présentèrent leur démission qui, de ce fait, provoqua la dissolution du Conseil Municipal de Locmariaquer.

De nouvelles élections furent organisées dans les deux communes les dimanches 14 et 21 août 1892. A Saint-Philibert, 24 candidats se présentèrent pour 12 sièges à pourvoir. 11 conseillers furent élus au premier tour de scrutin, le douzième fut élu au second tour.

Le dimanche 28 août 1892, les conseillers municipaux se réunirent dans les deux communes afin d’élire leur maire et leur adjoint respectifs. A Saint-Philibert, Jean François GOUZER , Ferdinand LE BARON , Théophile MARTIN, Jean POSTIC, Joseph LE CORVEC, Henri AUDIC, Jean Marie LE GAL, Bénoni LE MESTRE, Joseph JOSSET, Ferdinand LE CORVEC, Jean LE PORT et Joachim LE ROUX , à l’issue d’un seul tour de scrutin, désignèrent comme premier maire de Saint-Philibert, Jean François GOUZER à la majorité absolue de 12 voix. Ferdinand LE BARON fut élu adjoint avec 11 voix, tandis qu’une voix se portait sur Théophile MARTIN candidat à ce poste.

A partir de ce jour, la section de l’Angle, devenue Saint-Philibert, était dotée des structures administratives lui permettant d’affirmer son autonomie et de s’appeler désormais, vingt ans après sa première requête,

« Commune de Saint-Philibert »

Lors de la célébration du 100ème anniversaire de la naissance de notre commune, Monsieur BOGAERT, maire de Locmariaquer, s’adressant à notre maire Jules Prosper LE TOUSS, s’exprima en ces termes : « Monsieur le Maire, en perdant Saint-Philibert, Locmariaquer perdait son plus beau fleuron ».