Saint-Philibert

Lorraine nous a gentiment ouvert les portes de son atelier partagé et collaboratif où elle travaille avec Alexandre, Alan et Julien et parle avec naturel et sincérité de son métier. La sculpteuse tient à employer le mot « collaboratif » car elle a appris à utiliser les machines avec l’aide de ses « collègues » : dégauchisseuse, raboteuse, scie à format et perceuse à colonne qui nécessitent une grande vigilance et concentration de tous les instants dans leur manipulation. C’est du matériel essentiel pour le travail du bois car celui ci arrive brut des scieries et nécessite une préparation pour être sculpté.

Elle travaille tout type de bois français avec chacun ses particularités. « je suis dans l’artisanat d’art et je façonne des sculptures ornementales ». «Le travail du bois oblige à prendre son temps, à être à ce qu ‘on fait pour anticiper »

Pour la réalisation d’une sculpture, elle utilise une planche préalablement rabotée et polie. Ensuite elle s’inspire de photos afin de retranscrire les particularités de chaque animal qu’elle dessine sur le bois. Enfin elle utilise sa scie à chantourner qu’elle manie avec dextérité comme une machine à coudre. Une fois la pièce découpée, elle réalise le ponçage à la main. Elle applique de l’huile de tung sur certaines pièces en finition. « Avec le bois, la plupart des sens sont en éveil, la vue, l’odorat, le toucher ».

• Depuis quand exercez -vous et où?

 Je travaille le bois depuis janvier 2020 dans un atelier partagé de menuiserie et d’ébénisterie basé à Ploemel.

Nous partageons un local et des machines à bois en commun sous forme associative. Nous y travaillons chacun à notre compte et avons aussi notre propre espace de travail. Cet atelier partagé a été créé à l’initiative de mon collègue menuisier et nous permet d’échanger de manière collaborative et conviviale nos connaissances et savoir-faire . Nous étions dans un ancien hangar à bateaux à Baden avant de déménager dans une ancienne sardinerie à Ploemel en janvier 2021.

• Quelle formation avez-vous eue ?

Je me suis formée seule sur une scie à chantourner dans le petit garage de mon arrière grand-mère à Saint Philibert . J’ai commencé pendant l’hiver 2019 puis j’ai intégré quelques semaines plus tard l’atelier partagé de menuiserie . Cette étape m’a permis de m’épanouir véritablement dans ce métier grâce au savoir faire de mes collègues menuisiers et ébénistes. Leur entraide et leur bienveillance m’ont permis d’affiner ma technique et ma connaissance du bois.

• Combien de temps mettez-vous pour réaliser une œuvre ?

Toutes les créations sont réalisées à la main, de la préparation du bois brut jusqu’à la finition. En général cela va d’une heure à plusieurs jours pour façonner certaines œuvres. L’artisanat c’est avant tout du temps : un travail de patience et de ressources.

• Où puisez-vous votre inspiration ?

Je puise mon inspiration dans la nature environnante du Morbihan et au fil de mes randonnées. Je passe mon temps libre en extérieur et suis fascinée par la beauté et la sagesse des animaux. J’apprécie aussi les représenter en mouvement. J’essaye de retranscrire au mieux leurs petites particularités et j’apprends à connaître les différentes espèces en les façonnant dans du bois.

• Où avez-vous débuté votre passion ?

Passionnée par les chevaux et intéressée par le travail du bois, j’ai tout d’abord voulu réaliser un cheval de Trait Breton avec une chute de bois et une scie sauteuse dans le garage .J”ai ensuite acquis une scie à chantourner et j’y ai tout de suite pris goût : c’est devenu une passion puis un véritable métier. J’ai d’abord vendu mes œuvres au bouche à oreille puis je me suis adaptée à la demande en réalisant d’autres animaux comme des espèces marines. Ayant toujours été manuelle, ce métier me permet de concilier passion pour le bois et les animaux.

• Quel bois utilisez-vous ?

Je sélectionne dans les scieries locales du bois issu de forêts françaises et gérées durablement.

J’utilise essentiellement des essences historiquement ancrées en France comme le chêne mais aussi du châtaignier, du frêne et du hêtre. Pour les petites pièces je recycle aussi certaines chutes de bois.

• Quelle est la commande la plus originale ?

Le meilleur reste à venir et j’aime penser que la vie a plus d’imagination que nous! J’ai de beaux projets pour la suite et j’ai hâte de les réaliser.

• Proposez-vous des stages d’initiation ?

Pour l’instant il n’est pas prévu que j’accueille du public dans mon atelier mais il est possible de prendre rendez-vous pour passer voir mon travail , quand j’ai un peu de temps c’est avec plaisir que je fais découvrir mon univers.

• Où pouvons-nous voir vos réalisations ?

Certaines créations sur le thème équestre sont en vente à la sellerie « So Horse »  à Auray et celles sur le thème marin à la boutique «  Le plein d’iode »  à Quiberon, une boutique de créateurs locaux.

Je mets à jour sur mon site internet www.kergann.com les points de vente partenaires et j’y ai aussi crée une boutique en ligne pendant le premier confinement. Aujourd’hui j’ai le plaisir d’expédier des créations dans le monde entier, mais je travaille essentiellement à la commande pour des clients français.

• Vous travaillez avec d’autres artistes, qu’est-ce qui vous différencie car ils sont également menuisiers ?

Pour ma part je façonne actuellement des créations ornementales ; je suis « chantourneuse », tandis que mes collègues d’atelier sont menuisiers et ébénistes, spécialisés dans le design de mobilier sur mesure et l’agencement. Ils créent également des œuvres en petites séries limitées comme des luminaires ou du mobilier pour enfants.Vous pouvez avoir un aperçu de leur travail sur le site de l’association ; www .atelier-caravanserail.fr

Vous habitez Saint Philibert

• Comment qualifieriez-vous notre commune ?

Saint Philibert est une commune paisible dans un environnement magnifique. Une chapelle exceptionnelle et de beaux espaces verts et conviviaux à l’image du jardin du Prado. J’espère qu’elle gardera son charme et qu’elle sera accessible aux jeunes locaux qui souhaitent y fonder une famille.

• Qu’est-ce qu’elle vous évoque ?

Elle est à l’image du cheval de trait breton : rustique, tranquille et familière. Un lieu de joyeux souvenirs d’enfance comme les vadrouilles à vélo et les heureuses péripéties de la 4L de mon arrière-grand-mère.

• Quel est votre endroit préféré ?

J’apprécie de manière générale tous les petits sentiers piétons qui embrassent la commune, relient la terre et la mer et qui changent de visage au fil des saisons. Des endroits de rencontres et d’échanges où l’on peut y croiser les doyens de la commune et écouter leur histoire.

• Si vous deviez faire une œuvre pour notre commune, que suggéreriez-vous ?

Je façonnerais une huître, symbole de l’ostréiculture chère à cette commune et présente sur son blason.